mercredi 22 mai 2013

réaction à chaud après avoir découvert le logement de certains enfants des crèches.

Aujourd'hui, mercredi 22 mai, avec les autres bénévoles qui sont en ce moment sur les crèches, et accompagnée d'Annie, une des fondatrices de l'association, nous avons eu l'occasion de découvrir le logement de quelques enfants, 2 enfants de la crèche de Lara, et 4 de Llosa.

Après une matinée de fête à Lara, à l'occasion de la semaine de l'éducation initiale (maternelle), rythmée par des danses sans fin, nous prenons la route accompagnés de Susana, directrice de la crèche, d'une maman et d'un papa.
Après plus de 30 minutes de routes, et une bonne dizaine de dos d'âne plus ou moins violent, nous nous retrouvons au milieu des collines désertiques. Nous quittons la route pour un chemin de terre, avant d'arriver devant la maison de la maman qui est avec nous.

Elle nous explique qu'elle a l'électricité depuis un an, et qu'elle va chercher l'eau sur la colline derrière, mais que lors des périodes où il n'y a plus d'eau, elle est obligée d'acheter des seaux d'eau à 1 sol. Elle travaille en tant que lavandière, n'a donc pas de salaire fixe. Elle travaille selon ce qu'elle trouve. Son salaire moyen est de 15 soles par jour (à peine 4.50€), et qu'avec cet argent, elle achète de quoi manger à ses enfants (au nombre de 3, une petite de 2 ans, et deux plus grands de 10 et 13 ans).
Comme tous les parents, cette maman est extrêmement reconnaissante du travail effectué dans les crèches. Pour elle, savoir ses enfants (la plus jeune du moins) au sein de la crèche, avec un petit déjeuner et un repas à midi, lui donne la force de se battre pour continuer à aller de l'avant. Elle nous a dit qu'avant que sa fille intègre la crèche (cette année), elle avait déjà pensé à se quitter la vie, car elle ne voyait pas le moyen de s'en sortir. Car il est dangereux de laisser ses enfants seuls et d'aller travailler (risque d'accident, de viol...), et que donc si ses enfants ne pouvaient aller à l'école, elle ne pouvait aller travailler...et donc n'avait aucun revenu.
Elle a construit elle même sa maison, qui n'est pas sûre en cas de tremblement de terre, et dont le toit n'est pas étanche à 100%. Mais elle est heureuse d'avoir un toit pour elle et ses enfants.



Nous allons ensuite voir la maison d'un papa de 2 enfants de 6 et 8 ans, dont la femme est partie. Il possède son terrain depuis 4 ans, et a construit sa maison seul, le dimanche. Il travaille la semaine en tant que couturier dans une usine, et gagne 38 soles par jour (11€), mais ne travaille que du lundi au vendredi car le week end, il reste avec ses enfants. Il achète des seaux d'eau à une voisine (0.80 sol le seau), qu'il ramène sur le guidon de son vélo. Tout son argent passe dans la nourriture pour ses enfants, le transport pour aller à l'école... C'est un papa qui souffre, mais qui lutte pour ses 2 petits garçons. Il espère un jour pouvoir agrandir sa maison. Il a un stock de brique que son frère lui a donné, mais pour le moment, il n'a pas les moyens d'acheter du ciment. Comme la maman précédente, il ne cesse de remercier la crèche pour tout ce qu'elle fait pour lui et pour ses enfants. On voit que c'est un homme meurtri, mais qui ne veut pas baisser les bras, pour ses enfants. Il tient sa maison propre, s'excuse du bazar car il n'a pas eu le temps de ranger le matin...en effet, il lui faut plus d'une heure et demi pour rejoindre la crèche. Il quitte son domicile à 6h chaque matin.



Nous repassons ensuite à Lara pour y déposer ces deux parents ainsi que la directrice, et on prend la direction de la crèche de Llosa où nous attendent Amélia, ainsi que 4 familles. C'est donc plein que le minibus prend d'abord la direction des hauteurs d'Arequipa.

La maman nous explique qu'elle vend des oeufs, et gagne entre 10 et 20 soles par jour (entre 3 et 6€), et qu'elle habite cette maison avec son mari et ses 2 filles, dont une est à la crèche, et l'autre dans une école publique. C'est une maison en plaques de bois. La cuisine est séparée de la chambre commune, en effet, elle a peur que ses filles approchent du gaz. Il y a également une petite pièce supplémentaire, où elle stocke des pommes de terre et les oeufs qu'elle vend. Une fois de plus, c'est une maman qui remercie la crèche pour l'aide qu'elle lui apporte.



On prend ensuite la direction de la maison d'une autre famille, et après s'être perdu et contrôlé par la police avec une amende au bout, nous arrivons là où vit une petite fille de la crèche avec sa grand mère. En effet, sa maman travaille dans la selva, et envoie l'argent à sa mère, ce qui lui a permis d'avoir une pièce avec une vraie porte en bois et une vraie fenêtre. Cette pièce se trouve sur le toit d'une maison.



Nous traversons ensuite une partie de la ville, on arrive dans un quartier résidentiel. Je pense alors que cette famille a peut-être un peu plus de chance que les précédentes...mais c'est une illusion qui sera de courte durée. Nous arrivons dans un champ, avec une maison au fond. Maison de briques, plaques de bois, tôle...Vivent ici 2 enfants de la crèche : un petit de 2 ans avec sa maman qui étudie, sa grand mère et sa tante, et une petite de 3 ans, dont la maman est malade, et qui est donc chez sa tante(la grand mère). C'est une "grande" maison, de plusieurs pièces, on verra la cuisine, et 2 salons. L'humidité est omniprésente, il n'y pas aucune fenêtre...et dès que l'on est sur le pas de la porte, on peut voir des immeubles et des maisons "normales". Le contraste est saisissant, et fait mal au coeur.



Reste une famille, une maman seule avec 5 enfants, dont 3 à la crèche (enfants auxquels je me suis déjà attaché). Nous arrivons devant une maison qui à l'air vraiment agréable...mais ce n'est vraiment qu'un air...
On traverse un hall rempli de cercueils où règne une odeur très désagréable, on arrive dans une cour rempli d'objet en ferraille rouillée...et dans le fond, une pièce ultra sombre...la maman veut allumer la lumière, mais le courant est coupé. Un homme (le propriétaire) fait des travaux et a coupé eau et éléctricité...il n'a pas l'air commode du tout, il commence à engueuler la maman car elle a fait venir du monde, Annie va lui parler en lui demandant des explications...en effet, cette maman paye 200 soles par mois pour cette chambre (un peu moins de 60€), les enfants ne sont pas en sécurité (le monsieur se plaint qu'ils jouent dans la "cour")...cette maman vend des sucreries dans les bus (pour 10-15 soles par jour)...il est impossible qu'elle puisse payer les 200 soles du loyer...on imagine déjà comment doit être le quotidien pour elle...on imagine même le pire par rapport à son propriétaire...Annie prend vite la décision de faire quelque chose en urgence pour déménager cette maman et ses 5 enfants. Je ressors de là complètement anéantie...je n'arrive pas à concevoir que des enfants puissent vivre dans ces conditions, c'est dangereux pour eux et pour leur santé, ce sont déjà des enfants qui sont en malnutrition, il est inconcevable que leur santé soit encore plus en danger...Au moment de remonter dans le bus, cette maman nous remercie d'être venu, qu'est ce qu'on peut répondre à ça...J'espère vraiment que les jours de cette famille dans cet endroit sont comptés, et que très vite ils pourront partir et aller dans le foyer d'urgence que possède l'association.

Ce fût une après-midi riche en émotion, et de remise en question. Oui le Pérou est un pays émergent, mais de trop nombreuses familles vivent encore dans une pauvreté extrême...
Malgré cela, lorsque l'on voit les enfants à la crèche, on ne peut imaginer une seule seconde les conditions dans lesquelles ils vivent une fois sorti de la crèche.

C'est pour cela qu'il faut continuer à se battre chaque jour, ces familles ont besoin de nous. Quand je dis nous, je parle de nous français...ces enfants peuvent bénéficier d'une enfance "heureuse" au sein des crèches grâce à l'association Crèche d'Arequipa. Il ne faut donc pas hésiter une seconde à soutenir cette association, ces familles en ont vraiment réellement besoin.
pour plus d'infos, ici

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